Coupe pis Recoupe écrivent un budget...
par Raymond Blanchard, agent de recherche et projets
Le ministre responsable de la révision stratégique des programmes au N-B, Victor Boudreau, a dévoilé que les ministères devront proposer des scénarios leur permettant de réduire leurs budgets de 5,8% à 10% au cours de la prochaine année. Le ministère de l’Éducation postsecondaire, de la Formation et du Travail (MEPSFT) doit cibler des réductions de l’ordre de 7,5% (Radio-Canada).
Du moins pour l’instant, on ne parle que de scénarios et pas de coupures effectives.
Le MEPSFT a un budget total de 613,7 millions$ en 2015-2016 (GNB), où le CCNB/NBCC reçoit 94,7 M$, l’aide financière aux étudiants 62,4 M$, et les Universités (via la CESPM) 259,7 M$, ce qui en fait de loin les plus coûteuses pour ce ministère.
Si le temps est venu de couper, et que 7,5% du budget du MEPSFT représente 46 M$, deux options se présentent. On peut soit couper partout, ou cibler les secteurs qui accaparent davantage de fonds. Considérons ces deux possibilités :
Ce 7,5% partout signifie des coupures de 7 M$ au CCNB/NBCC, de 4,7 M$ et de 19,5 M$ aux universités. Or, parmi les 4 universités publiques de la province, chacune ne reçoit pas une part égale du financement. Dans un premier temps, on peut en retrancher 20% qui est réservé au financement d’initiatives (ce que je déduis d’après la différence entre le tableau proposé par STU en page 8 aux chiffres du budget provincial), nous laissant avec une somme de 208,8 M$ pour les subventions de fonctionnement, répartie de la façon suivante :
Mount A : 20,3 M$ = 9,7% (19,5 x 0,097) = 1,9 M$
STU : 14,0 M$ = 6,7% (19,5 x 0,067) = 1,3 M$
Moncton : 64,3 M$ = 30,7% (19,5 x 0,307) = 6,0 M$
UNB : 110,0 M$ = 52,6% (19,5 x 0,526) = 10,2 M$
Voici comment ce 19,5 M$ en coupures affecterait chaque institution, en principe. Ce qu’il y a de commode avec le gel, c’est que ces chiffres sont valables pour l’année en cours même s’ils datent de l’année dernière. Remarquez, puisque une partie du financement de base aux universités dépend des inscriptions (moyenne des trois dernières années), ces montants seront forcément diminués en 2015-2016. Mais la majorité du financement devrait demeurer stable.
Bref, ça vous donne une idée de l’ampleur du manque à gagner pour chacune des universités publiques du N-B d’après une cible de 7,5%. À Moncton cela voudrait dire 6 M$ de moins.
Il reste la seconde possibilité, soit cibler certains domaines. Dans l’intérêt d’économiser temps et pixels, je présume que le pire scénario possible se produise et qu’on coupe uniquement dans le financement aux universités, qui est le montant le plus élevé dans le budget du MEPSFT. D’entrée de jeu, ça en fait le plus vulnérable; on imagine d’ailleurs que le marché de l’emploi actuel rendra le gouvernement réticent à couper au niveau collégial.
Ce serait donc 46 M$ qui seraient retranchés de la bourse remise à la CESPM, réduisant cette dernière à 213,7 M$, dont 80% seront octroyés sous la forme de subvention de fonctionnement, nous laissant avec 171 M$. Donc :
Mount A (9,7%) : (171 x 0,097) = 16,6 M$ (coupures de 3,7 M$ ou 18%)
STU (6,7%) : (171 x 0,067) = 11,5 M$ (coupures de 2,5 M$ ou 18%)
Moncton (30,7%) : (171 x 0,307) = 52,5 M$ (coupures de 11,8 M$ ou 18%)
UNB (52,6%) : (171 x 0,526) = 89,9 M$ (coupures de 20,1 M$ ou 18%)
Méchante claque : 18% du budget disparaissent d’un coup, partout!
Alors, il ne reste qu’à espérer que les universités et les étudiant(e)s seront invité(e)s à la table de discussion et qu’on pourra éviter les surprises du genre de celles qui nous sont arrivées le 31 mars dernier.
Parce que quand on laisse Coupe pis Recoupe tout seuls…