Le salaire minimum à la FÉÉCUM saute à 15$ de l'heure
Un appui au Front commun pour la justice sociale dépasse la parole et devient geste
Vendredi dernier, le Conseil d’administration de la Fédération des étudiantes et étudiants du Campus universitaire de Moncton (FÉÉCUM) votait pour appuyer le Front commun pour la justice sociale du Nouveau-Brunswick dans ses revendications par rapport au salaire minimum au Nouveau-Brunswick. N’étant pas satisfaite avec un appui moral sans la réalité qui s’en dégage, la Fédération étudiante a aussi décidé de payer ses employé.e.s étudiant.e.s le salaire minimum de 15$/heure que le Front commun considère le salaire nécessaire à combler les besoins de base.
Pour le président de la FÉÉCUM, Pascal Haché, tout comme pour le Front commun, l’objectif est de remédier à la situation précaire des travailleurs au salaire minimum dans la province, qui peut les placer dans une situation vulnérable au moindre imprévu : « Et ça, ça veut certainement dire les étudiants ! » Il souligne que la FÉÉCUM appuie le Front commun dans son initiative en montrant l’exemple. « C’est un dossier trop important pour se limiter à de belles paroles. Si on veut la justice, il faut d’abord nous-mêmes être justes, » ajoute-t-il.
Les étudiant.e.s employé.e.s notamment comme réceptionnistes aux bureaux de la FÉÉCUM, percevront le nouveau salaire minimum dès le mois de janvier. La Fédération encouragera le reste de l’Université – un employeur important de ses étudiante.e.s – et les autres employeurs d’étudiant.e.s dans la province, à suivre son exemple.
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Lutter pour 15 + Justice : Sommaire des revendications
Préparé par Raymond Blanchard, agent de recherche et projet
La question du salaire minimum a toujours été problématique. D’après le comédien Chris Rock, donner le salaire minimum à quelqu’un est l’une des choses les plus insultantes que tu puisses faire, parce que, essentiellement, tu lui dis que tu la paierais moins si la loi le permettait (YouTube). Il y a toujours un fond de vérité dans l’humour.
Le salaire minimum au N-B est présentement de 10,30$ l’heure depuis décembre 2014, ce qui nous assure une place au bas du classement canadien. De plus, aucune augmentation n’est prévue avant 2017. De surcroît, beaucoup de gens travaillant au salaire minimum (20 900 travailleurs du N-B) occupent des emplois à temps partiel, le plus souvent dans des milieux non-syndiqués. Ce salaire débouche sur un revenu net insuffisant pour maintenir une personne seule, une famille monoparentale ou un couple avec enfants au-dessus du seuil de pauvreté.
En réaction, le Front commun pour la Justice sociale (FCJS) a choisi de lancer sa campagne Lutter pour 15 + Justice (FCJS). Cette initiative consiste en une série de propositions, touchant aux questions salariales, mais aussi aux normes d’emploi, de sécurité d’emploi et de compensation, ainsi que de qualité de vie en général pour les travailleurs à petit salaire. L’objectif final est de permettre à tous les travailleurs salariés de notre province d’atteindre un niveau de vie acceptable. En voici un rapide tour d’horizon :
1. Faire passer le salaire minimum au N-B à 15$ de l’heure
15% des utilisateurs de banques alimentaires reçoivent ou ont reçu dans un passé récent un revenu d’emploi. En augmentant le pouvoir d’achat de ces travailleurs, on contribuerait à relancer l’économie de la province.
2. Indexer annuellement le salaire minimum au coût de la vie
Actuellement il est prévu de réévaluer le salaire minimum tous les deux ans, mais cela ne suffit pas à contrer les effets de l’inflation enter les augmentations planifiées.
3. 5 jours de congé de maladie rémunérés par année
Devoir travailler quand on est malade pose à un risque à sa santé personnelle et à celle des collègues et/ou des clients. Présentement, les travailleurs ont droit à 5 jours de congé, mais sans rémunération.
4. Un salaire égal pour un travail égal
En 2014, le salaire des femmes demeurait 11,1% plus bas que celui des hommes, ce qui n’a aucune raison d’être dans notre société.
5. Rémunération équitable des heures supplémentaires
Il est suggéré que tout travailleur reçoive son salaire régulier plus un boni de 50% (pour 14$/heure, ce serait 21$/heure) pour ses heures supplémentaires, plutôt que le montant minimum fixe de 15,45$ l’heure qui prévaut actuellement.
6. Accumulation des heures supplémentaires
Donner la possibilité d’être compensé pour ses heures supplémentaires en temps (sans pénalité salariale) au lieu d’une bonification salariale, selon la préférence de l’employé, selon le même principe du 1,5.
7. Déduction pour les uniformes
Les travailleurs au salaire minimum devraient recevoir leur uniforme gratuitement et, dans les cas où cet uniforme porte le logo de l’employeur, les frais de nettoyage devraient être assurés par ce dernier.
8. Compensation financière pour congédiement sans préavis
Les travailleurs au salaire minimum subissent déjà plus durement la perte d’un emploi; il faut que ce qui leur est dû (salaire et avantages sociaux) leur soit remis dans sa totalité.
9. Mesures de transition après licenciement d’un groupe d’employés
Que les employeurs fournissent au groupe d’employés congédiés un avis minimal de 30 jours et assiste ses employés dans leur recherche d’un nouvel emploi.
10. Indemnité de départ
Que chaque employé congédié reçoive une indemnité équivalant à deux jours de salaire par année de service (jusqu’à un maximum de 5 jours).
11. Jours fériés
Qu’un huitième jour de congé férié soit ajouté au calendrier en février, à l’instar de 7 autres provinces canadiennes.
L’objectif est de remédier à la situation précaire des travailleurs au salaire minimum dans notre province, qui peut les placer dans une situation vulnérable au moindre imprévu.
LA FÉÉCUM appuie le FCJS dans son initiative, en choisissant de montrer l’exemple : à compter de janvier 2016, tout employé.e de la Fédération sera rémunéré.e à 15$ de l’heure ou davantage. C’est un dossier important, qui ne souffre pas qu’on se limite à de belles paroles. Si on veut la justice, il faut d’abord se montrer juste.
Qui seront les prochains?