Photo : Marc-Samuel Larocque, agent de communication
On ne passera pas par quatre chemins: les études coûtent les yeux de la tête. Cela dit, quand il est question de l’impact futur de cette dette, c’est plutôt loin des yeux, loin du coeur pour bien des étudiant.e.s. Surtout chez les francophones de la province, pour qui le prêt étudiant est presque devenu «une tradition». (Acadie Nouvelle)
Vu de loin, la dette ne fait peut-être pas si peur, mais plus le diplôme approche, moins on a le luxe d’ignorer le coût réel de ses études.
Puisque le coût affiché est rarement celui qu’on finit par payer, c’est d’autant plus facile de l’ignorer. De fait, si vous avez recours aux prêts étudiants pour accéder à l’Université, des intérêts viendront automatiquement grossir la facture. Au dernier calcul, la dette étudiante moyenne au N-B était encore de 35 200$. (Statistique Canada)
Je vous parle de ça de même, en plein milieu de la rentrée, quand tout le monde a autre chose en tête et, pour deux ou trois merveilleuses semaines, quelques dollars en poche.
Peut-être plus, si vous gérez bien le tout: toute chose en modération.
Loin de donner dans la modération, la dette étudiante est un marché dont la valeur dépasse 28 milliards$ au Canada. (Global News) Ça peut sembler sous contrôle quand on se compare à nos voisins du Sud, où cette valeur dépasse les 200 milliards$ (Le Devoir), mais souvenez-vous que nous sommes 37 millions d’habitants et qu’il en sont 330.
«Mais là», me direz-vous, «ça fait pas d’allure une dette moyenne de 35 200$, quand une année d’université coûte autour de 6000$ 7000$. (Statistique Canada) 4 fois 7000, ça fait-tu pas 28 000?»
Vous n’avez pas la berlue: 4 fois 7000 fait encore 28 000.
Mais en plus de l’intérêt, les autres coûts qui s’ajoutent aux droits de scolarité peuvent souvent passer inaperçu eux aussi. Regardez le campus de Moncton (UMoncton):
- Droits de scolarité: 6423$ (étudiante.s du N-B inscrit.e.s après 2018)
- Frais de stage: 500$ (Science infirmière) à 880$ (Génie)
- Frais technologique: 98$ à 343$ (Génie)
- Activités et installations sportives: 75$
- Étude de dossier: 60$
- Frais d’impression: 41$
- Association étudiante: 176$
- Médias étudiants: 17$
- Assurance-santé: 257$ (optionnel)
- Plan dentaire: 96$ (optionnel)
- TOTAL: entre 6890$ et 8368$
À ça, on pourrait encore ajouter les frais de logement universitaire (2480$ à 6276$) et les frais de stationnement (230$), ce qui pousse notre total ‘‘réel’’ entre 9600$ et 14 874$.
C’est encore sans parler d’épicerie, de déplacements, de manuels, de services, etc.
Sans surprise, 60% des étudiant.e.s du premier cycle contractent un prêt au N-B… et 68% de ces derniers ont une dette dépassant 25 000$ à la remise du diplôme. (Statistique Canada) Comme 3366 diplômes du premier cycle ont été remis en 2017 (CESPM), ça nous dit que quatre diplômé.e.s sur dix sont lourdement endettés au N-B. Et pas exactement riches en partant non plus, doit-on le rappeler.
Évidemment, la situation varie d’une personne à l’autre, et des facteurs comme les bourses, l’épargne ou le revenu d’emploi peuvent diminuer la dette. Mais comme la mesure la plus sûre de l’endettement reste le prêt étudiant, regardons de ce côté.
Le maximum empruntable est de 11 200$, et ce depuis des années. Fois quatre, ça nous donne la jolie somme de 44 800$.
Si le remboursement du prêt débute immédiatement après le diplôme, le coût final à taux fixe, sur 10 ans, sera de 67 955$... Si au contraire on choisit de «tirer parti» de la période de grâce de 6 mois qui est offerte avant le début des paiements, le coût augmente à 70 996$.
C’est alors de 566$ à 591$ qu’il faudra débourser tous les mois pendant dix ans. Espérons que vous trouverez un emploi - et un bon - en sortant!
Pour la dette moyenne de 35 200$, le coût final du prêt serait de 53 393$ à 55 782$, et les mensualités de 444$ à 464$, suivant les mêmes modalités. Donc, peu importe le montant final (et c’est d’une triste ironie) moins vous êtes riches et plus étudier vous coûtera cher.
Si la curiosité vous ronge, vous pouvez avoir un aperçu de ce qui vous attend en entrant vos propres données dans l’estimateur de remboursement. (Canada) Des heures de ‘‘plaisir’’!
Mais si c’est pas votre genre, voici pour les plus visuels:
Si on doit tirer une leçon de toute cette sordide histoire, c’est qu’il faut bien lire les petits caractères, quand on vous offre d’acheter maintenant et payer plus tard.
Aucune position officielle du C.A. de la FÉÉCUM ne devrait en être nécessairement interprétée.